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Douala: La Loi De L’Insécurité

A pieds, à motos ou dans des taxis, les brigands multiplient les astuces pour dépouiller les populations de leurs biens et installent un climat de psychose permanente.

Un calme apparent règne dans les rues du quartier Bessengue à Douala, notamment à la nouvelle route du quartier éponyme. Les rues ne sont pas bondées de monde en cette matinée du lundi 09 septembre. Les populations vaquent paisiblement à leurs occupations. Même si dans leur mémoire, les évènements survenus mercredi, 04 septembre, restent encore vivaces. Ce jour-là, la police avait fait usage des tirs de gaz lacrymogènes pour disperser des jeunes du quartier qui voulaient en découdre avec les bandits qui ont longtemps semé l’insécurité et qui venaient d’être arrêtés par la police et la gendarmerie. Au total, 14 personnes identifiées comme des malfaiteurs avaient été interpellées avec l’aide des populations.

Une source policière indiquait que « leur mode opératoire consiste à tromper la vigilance de leurs victimes en donnant l’impression de pratiquer du sport ; munis de poignards, ils profitent pour les dépouiller de leurs téléphones portables, argents et autres biens de valeur ». Une pratique grandement répandue dans le milieu des hors la loi qui sèment l’insécurité dans divers quartiers de la capitale économique, de jour comme de nuit. Mais, D’après des sources policières, l’agression à l’arme blanche n’est pas leur seul mode opératoire ils procèdent également par des vols et agressions à bord de motos et de taxis. Et certains axes sont réputés dangereux pour les passagers des taxis. Surtout lorsque ceux-ci sont bloqués dans les embouteillages. On peut citer, entre autres, le deuxième pont sur le Wouri, Vallée Bessengue, ou encore Texaco aéroport. « Ce sont des axes toujours embouteillés à la tombée de la nuit. A partir de 17h, lorsque les vitres des véhicules sont baissées, ces bandits sillonnent comme des passants, ciblent les passagers qui manipulent leurs téléphones portables ou qui ont des sacs posés sur leurs jambes. Ils les arrachent et s’enfuient à grandes enjambées », raconte un chauffeur dont les passagers ont déjà été victimes à Vallée Bessengue.

« Motos-bandits »

Sur le pont sur le Wouri, des passagers d’un taxi ont assisté, impuissants, au vol à l’arrachée du sac d’un autre passager contenant un ordinateur portable. L’agresseur s’était fondu dans la peau d’un vendeur de mouchoirs pour véhicules. Toujours aux heures de grande affluence, à deux ou trois sur une moto, certains brigands choisissent d’arracher les sacs des femmes de retour du travail. De sources policières, les lignes droites comportant des points de chargement des taxis sont les lieux où ils ciblent leurs victimes. Un mode opératoire aussi pratiqué dans la nuit. Le portail des camerounais de Belgique. « Une nuit, alors que je revenais d’un mariage, j’avais emprunté la moto avec ma nièce. Au niveau de l’Asecna, une moto transportant trois personnes nous a doublés et bloqués le passage. Les deux à l’arrière ont sorti de longs poignards. On leur a donné de l’argent, nos téléphones. Ils ont pris et sont repartis à bord de leur moto », raconte un policier d’après qui les bandits ont pris le soin de couper les câbles de la moto pour ne pas être suivis.

Selon ce fonctionnaire de police en service dans un commissariat situé dans l’arrondissement de Douala 3e, plusieurs axes et artères de cet arrondissement sont à craindre. Il cite, entre autre, l’axe Barcelone/Rond-point Dakar où des agresseurs, en bande de deux ou trois, prennent en étau leur cible à pieds qu’ils dépossèdent de ses biens tout en se servant de couteaux en cas de besoin. Le même mode opératoire est également utilisé à Texaco aéroport. Dans le Tunnel aéroport, les malfaiteurs opèrent aussi à moto. D’après une source de la gendarmerie du côté de l’arrondissement de Douala 4e, les quartiers Mambanda, Bessèkè, Ndobo, la gare routière de Bonabéri et ses environs, Grand hangar, Forêt bar sont des zones criminogènes. Munis d’armes blanches, notamment de couteaux, des hors-la -loi ciblent et agressent leurs victimes.

Situation identique à Douala 5e où les quartiers Ndogbong, Béédi, Rhône-Poulenc, carrefour lycée de Ndog-hem, carrefour William Andem et Kotto village sont identifiés comme criminogènes. « Ils opèrent généralement à moto. Ils suivent leur client qui est à bord d’une moto. Dans un endroit obscur, ils interceptent la moto et dépouillent leur victime », confie une source policière. C’était le cas avec Angela, une victime. « J’ai emprunté une moto devant le Mermoz (boite nuit, ndlr), qui était en réalité celle d’un bandit. Arrivé devant la salle des témoins de Jéhovah à Kotto carrefour des immeubles, la moto à l’arrière nous a bloqué le passage et j’ai été dépouillée », raconte-t-elle. Scène quasi identique le weekend dernier où, aux environs de 23h, trois bandits ont arraché la moto d’un bendskinneur après l’avoir mortellement poignardé. La scène a été suivie par des vigiles qui ont crié « Oh bandit ». La population les a pourchassés et l’un des bandits est tombé de l’engin à deux roues, avant de se faire rattraper dans sa course et être brûlé vif à Kotto carrefour des immeubles.

Retour

D’après un officier de police, les agressions prennent de l’ampleur à l’approche des fêtes. « Deux semaines avant les fêtes de fin d’année, de ramadan et de Tabaski, il y a plus d’agressions et de vols », confie le fonctionnaire de police. Et les victimes abondent dans les brigades de gendarmeries et les commissariats. « Les victimes sont promptes à faire des dénonciations, mais, refusent pour la plupart de porter plainte », confie un policier qui dit recevoir environ une dizaine de dénonciations par semaine. Un chiffre qui, explique-t-il, est en baisse au regard des mesures dissuasives prises par la délégation régionale à la Sureté nationale pour le Littoral. « Les zones reconnues comme étant les plus criminogènes sont sécurisées par des patrouilles policières permanentes. Il y a un tableau de service de rotation des différentes unités de polices, notamment la Police judiciaire (Pj), l’Equipe spéciale d’intervention rapide (Esir), le Groupement mobile d’intervention (Gmi) N°2, le Commissariat central, le commissariat du 6e et du 8e », confie notre informateur.

D’après notre source, chacune de ces unités a son jour de surveillance des zones criminogènes ciblées au rang desquelles figure le Tunnel aéroport. Une insécurité qui prend pourtant des proportions inquiétantes avec le phénomène de « retour ». C’était par exemple le cas samedi 07 septembre à Saint-Bruno, au quartier Brazzaville, où la police a été appelée aux environs de 19h45 pour une intervention. Deux semaines plus tôt, des délinquants venus du quartier Newtown aéroport avaient effectué une expédition punitive au quartier Itba. Munis de machettes et accompagnés de quatre personnes identifiées comme des militaires par la population, ils ont semé la panique dans ce quartier, recherchant celui qui avait infligé des blessures à l’un des leurs, avant d’être interrompus par les éléments du commissariat du 8e arrondissement. Pour limiter ces règlements de compte, la police et la gendarmerie effectuent des rafles dans les zones criminogènes, à la recherche notamment des consommateurs de stupéfiants