C’est la première fois, depuis le début de la crise qui oppose le Douala international Terminal (DIT) au Port autonome de Douala (PAD) sur le Terminal à Conteneurs de Douala, que Cyrille Bolloré, PDG du Groupe éponyme, prend officiellement la parole.
Dans une lettre adressée au Président de la République et signée ce 12 septembre, le fils de Vincent Bolloré « sollicite le Haut arbitrage (de Paul Biya Ndlr.) afin que l’accord signé le 04 octobre 2017 entre le Port de Douala et DIT soit mis en œuvre ».
Une mise en œuvre qui, précise le nouveau « Boss » du groupe Bolloré, « permettrait de faciliter le lancement du Port de Kribi en mettant en place une synergie entre les deux ports, de solder amiablement tous les différends opposant le PAD et DIT et enfin de relancer sereinement un appel d’offres de mise en concession du terminal à conteneurs de Douala sur une base équitable ».
Que prévoyait l’accord du 04 octobre 2017 ?
L’accord dont parle Cyrille Bolloré est un document signé entre le PAD et DIT, à l’issue de longues négociations menées au sein d’un Comité ad hoc présidé par Cyrus Ngo’o, Directeur général du PAD.
Au cours d’une conférence de presse donnée à Douala le 03 septembre dernier, Mohamed Diop, le Directeur du groupe Bolloré pour la région golfe de Guinée (qui couvre le Cameroun, le Tchad, la RCA et la Guinée équatoriale) avait révélé le contenu dudit accord.
D’abord la durée. L’accord prévoyait la protection de la concession attribuée consortium Bolloré-APM Terminals sur quatre ans. Ce qui permettait au DIT de rester sur le Terminal à Conteneurs du Port autonome de Douala-Bonabéri jusqu’en 2023.
Ensuite l’argent. Le PAD exigeant, pour cela, le virement, dans les caisses de l’Etat, de 24 milliards de FCFA au titre de la « contribution exceptionnelle » du consortium. En outre, avait ajouté Mohamed Diop, le PAD avait demandé l’augmentation des actifs des nationaux dans le capital de DIT à 30%. Pour rappel, il était de 10% avant la signature du protocole d’accord.
Ce n’est pas tout. Le document comportait aussi un point sur le doublement par DIT de la redevance à verser au Cameroun pour la concession du terminal à conteneurs du port de Douala. Et prévoyait un plan d’investissement supplémentaire de 20 milliards de FCFA.
La réaction de Cyrille Bolloré
Un protocole d’accord sur lequel se serait appuyé le PAD pour « réclamer, en l’absence de fondement juridique, 24 milliards de pénalités », regrette Cyrille Bolloré. Et qui aurait abouti à la mise à l’écart du consortium Bolloré-APM Terminals dans l’appel d’offres relatif à sa propre concession.
Dans sa lettre au Président de la République, le PDG du groupe Bolloré explique qu’afin de présenter sa défense et contrecarrer les poursuites dont elle fait l’objet, DIT a été contrainte de demander la protection des tribunaux nationaux et de la Cour d’Arbitrage Internationale.
« Nous tenons à souligner qu’à travers cette démarche, notre filiale n’a jamais entendu imposer son point de vue ou remettre en cause des décisions souveraines des Autorités Nationales, contrairement à ce qu’ont prétendu certains journaux », précise Cyrille Bolloré.
Pour conclure, Cyrille Bolloré rappelle que le groupe est devenu « l’une des plus grandes entreprises camerounaises, employant plus de 5 000 salariés, ayant réalisé plus de 300 milliards de FCFA d’investissements et participant à plusieurs projets présidentiels emblématiques comme le développement du port de Kribi, afin de contribuer, à vos côtés et aux côtés du Gouvernement, à l’émergence de l’économie du pays que vous portez de vos vœux.