Le « couscous », aliment de base des populations autochtones de cette localité fait défaut à des nombreuses familles.
Cette pénurie est due au fait que l’année dernière une entreprise chinoise spécialisée dans la transformation du manioc en tapioca , farine, amidon , galette , gâteau , avait acheté directement toutes les plantations des tubercules de manioc auprès des cultivateurs et ces derniers n’avaient pas songé faire de nouvelles plantations pour alimenter le marché cette année : « Beaucoup de personnes n’ont pas pensé préparer des nouvelles plantations , elles attendaient que les chinois récoltent le manioc dans les anciennes parcelles pour les réhabiliter et semer à nouveau , mais les chinois n’ont pas été rapides si bien qu’au moment où ils ont libéré les espaces il se faisait déjà tard pour mettre les boutures de manioc en terre » explique Jacqueline Frida Mpouzé cultivatrice.
« Ce n’est pas une bonne technique de vendre la production en terre parce que vous êtes conditionnés par l’acheteur, et lorsqu’on se prête à cette transaction on est obligés de créer des nouvelles plantations chaque année ce qui n’est pas dans les habitudes des populations », ajoute Madeleine Simba Ngoup, délégué du GICEspoir et Vie. « Au fait les agriculteurs sont appâtés par le prix que leur proposent les chinois », renchérit-elle. Cette société achète un kg de manioc à 700fcfa, et dans la foulée il est difficile pour une ménagère de se procurer un tas de deux petites tubercules , les ménagères les plus chanceuses doivent débourser 300 FCFA alors qu’une cuvette de couscous qui se négociait à 3000 FCFA s’achète aujourd’hui à Batouri à 6500 FCFA voir 8000 FCFA : « On ne peut plus manger du couscous parce que les chinois sont là , nous sommes nés dans le couscous , nous avons grandi dans le couscous , notre vie est dans cet aliment , et on nous prive subitement du couscous, c’est nous sacrifier , le couscous est une tradition chez les Kaka », se lamente Eugene Soumaye .
Farine chinoise
Du côté de la société Wang on soutient que le couscous étant l’aliment de base des populations autochtones , une priorité est mise sur la production en grande quantité de la farine de manioc afin qu’elle soit toujours à la disposition des ménages et à vil prix : « nous avons une capacité de production de farine de manioc qui nous permet de satisfaire largement la demande , et nous mettons la farine de manioc à la disposition des ménages , nous avons mis sur pied un système de distribution de nos produits, ce qui permet de trouver nos produits dans les villages même les plus enclavés », affirme Jules Tchokonté le Directeur commercial de la société Wang. Le portail des camerounais de Belgique. Les consommateurs eux ne sont pas satisfaits de la qualité du produit que l’entreprise chinoise leur propose :
« La bonne farine ne se fait pas à la machine, il faut tremper le manioc dans l’eau, il fermente puis on sèche au soleil, à la fin on a un bon couscous. La farine des chinois est élastique et elle ne colle pas au doigt, elle n’est pas bonne. En plus manger ce produit c’est bafouer notre culture », se révolte Michelle Bernardine Fiangueh. En attendant que les familles les plus nanties puissent se ravitailler dans les marchés environnant notamment à Bertoua, Kentzou ou encore Ndélélé bon nombre des riverains de la ville de Batouri sont privés du bon couscous au menu de leurs repas.